
07 février 2023
La justice fribourgeoise se penche depuis lundi matin à Granges-Paccot sur le cas d'un agriculteur, accusé d'avoir abattu froidement un père et son fils un soir de mars 2020 à Sorens. Tous deux avaient été massacrés pour une vente de tracteurs jamais réalisée.
C'est un procès sous haute tension qui s'est ouvert à Granges-Paccot, où le Tribunal pénal de la Gruyère s'est "expatrié" pour l'occasion dans une salle pouvant accueillir la quinzaine de journalistes présents, dont trois dessinateurs de presse et une quinzaine de spectateurs. Sur le banc des accusés: un agriculteur fribourgeois de 33 ans, d'apparence anodine et détenu en exécution anticipée de peine à la prison de Bellechasse.
En proie à de graves difficultés financières, le trentenaire, qui travaillait depuis dix ans sans véritable salaire dans l'exploitation familiale de son père, était censé livrer deux tracteurs d'occasion à un Macédonien de 47 ans domicilié à Cugy (VD) et à son fils aîné de 23 ans. Il avait touché 34'000 francs.
Noyé dans une fosse à purin
Pour solder le litige, un rendez-vous avait été fixé le 24 mars 2020 à 20h00 dans le chalet d'alpage isolé que la famille de l'accusé possède sur les hauts de Marsens. C'est là que les choses ont dégénéré. L'accusé dit que l'ainé des Macédoniens l'aurait projeté au sol. Suite à cela, il avait tiré quatre balles sur les deux hommes, les mettant à terre. Puis, à court de munitions, il les avait violemment frappés à la tête avec sa crosse au point de la briser dans le choc.
De son propre aveu, il aurait vu des bulles remonter à la surface. Et effectivement, l'autopsie a montré que le père de famille vivait encore à ce moment-là.
La famille des disparus révoltée
La famille des disparus a pu témoigner lundi de sa douleur. "Cela fait trois ans que j'attends ce jour. Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter que mon fils que j'ai élevé pendant 24 ans mérite une telle mort", a interrogé en larmes la veuve du chef de clan "Quand je vois des plaques d'immatriculation fribourgeoises, je tremble. Aujourd'hui, toute notre famille vit encore dans la peur. Cet assassin mérite la prison à vie ou la peine de mort !"
De son côté, la veuve du disparu de 23 ans, qui vit avec leurs deux filles de 4 et 7 ans dans une nouvelle maison, a souligné à quel point son mari était un bon père. "Nos filles sont conscientes que leur père ne reviendra jamais et pour elles, c'est un choc", a-t-elle. "Je veux que cet homme soit jugé au plus vite. Je n'ai pas envie de croiser son regard..."
De son côté, le fils et frère des disparus a relevé que "c'est très difficile, je n'arrive pas à me concentrer sur le travail, j'ai interrompu le premier apprentissage que j'avais commencé à l'époque du drame." Et d'ajouter: "J'aimerais me défouler sur cet homme et me venger, même si je sais que ce n'est pas possible."
Sources : ATS/Keystone